Capturer l’humanitaire : le regard photographique de Carole au Népal

Le voyage humanitaire peut prendre différentes formes. Pour Carole Audran, photographe passionnée et Française d’origine, son mois au Népal était une façon de voyager autrement par l’exploration artistique et humaine. Cette aventure a donné naissance à deux expositions photos présentées au Québec, où elle réside actuellement.
Le Népal autrement
« Le côté mystique du Népal, son aspect énigmatique m’attirait depuis longtemps », me confie Carole. Inspirée par des reportages et fascinée par l’image qu’elle se faisait de ce pays montagneux, de sa religion et de ses paysages, elle a décidé d’y consacrer un voyage à visée humanitaire.
Avec une formation axée sur l’enfance, Carole avait ce désir d’aller travailler avec des jeunes, mais aussi de transmettre des messages à travers le médium de la photo qui lui est très cher.

Comment trouver la bonne mission pour un voyage humanitaire au Népal ?
La recherche d’une mission humanitaire appropriée n’est pas une mince affaire. « Cela prend beaucoup de temps », explique Carole qui a parcouru forums et ressources comme le Guide du Routard pour identifier des possibilités.
« Il faut vraiment vérifier quels liens la France entretient avec l’ONG choisie », conseille-t-elle. Son approche s’est construite autour d’échanges de courriels, d’appels téléphoniques et, surtout, de rencontres en personne avec des membres de l’association.
Mais au final, ce qu’elle recommande surtout, c’est de suivre son intuition.
L’expérience d’aide humanitaire au Népal
À son arrivée à Katmandou, Carole a immédiatement été submergée par les sensations : « Tous les sens sont en ébullition », décrit-elle. Après une journée dans la capitale, les péripéties n’ont pas tardé : un bus raté pour rejoindre le lieu de sa mission. Mais tout s’est arrangé et elle a réussi à rejoindre ce premier lieu de volontariat.
Pour la première partie du voyage, elle était hébergée par la directrice d’une garderie, où elle devait aider. « Le deal était clair : j’étais là pour aider, en échange de l’hébergement et des repas », précise-t-elle. La deuxième partie du voyage s’est déroulée plutôt dans une école.

Un des enjeux des voyages humanitaires est que les personnes en provenance des pays occidentaux viennent parfois en posture du « sauveur », privilégié et riche, qui va aider les pays plus pauvres sans nécessairement cerner si l’aide est bienvenue, ou alors sans s’adapter à aux différences culturelles. Durant tout le voyage, Carole avait un état d’esprit de respect et tolérance : « Un endroit est différent d’un autre, plutôt que meilleur qu’un autre », souligne-t-elle.
Sa sensibilité à la condition féminine a été particulièrement touchée au Népal. Hébergée dans une famille tenant un commerce, elle a observé comment les femmes seules s’habillaient traditionnellement et a recueilli leurs témoignages, parfois bouleversants, comme ce dicton népalais : « Avoir une fille, c’est comme arroser le jardin du voisin. »

Des bouts d’humanité à travers la photo
« Je travaille principalement en noir et blanc pour montrer les gestes et les échanges, même si le Népal offre de magnifiques couleurs ». Cette approche lui a permis de saisir des moments authentiques, comme les pieds des enfants ou leurs expressions face à l’appareil photo qui suscitait leur excitation.

Ce travail photographique a donné naissance à deux expositions distinctes : l’une sur la garderie et l’autre intitulée « Être femme au Népal ».
« Pour la seconde exposition, je suis partie des paroles entendues pour illustrer ensuite avec des images », explique-t-elle. « Beaucoup s’attendaient à voir des portraits classiques, mais je cherchais plutôt à créer un témoignage, un photo-reportage.
L’impact durable de l’expérience du voyage créatif
Les expositions de Carole ont circulé au Québec pendant trois mois, créant des liens avec les écoles locales. « Cela a permis une sensibilisation chez les enfants québécois », note-t-elle avec satisfaction.
En France, son travail a servi à récolter des fonds pour l’ONG qui l’avait accueillie, et notamment pour une famille népalaise qu’elle a soutenue pendant trois ans, permettant ainsi à une petite fille de poursuivre son éducation dans un pays où la priorité est souvent donnée aux garçons.

Cette expérience a profondément marqué sa perception du quotidien : « On se rend compte de la valeur de l’eau, du confort dont nous disposons. Les choses simples ont une grande valeur », réfléchit-elle, tout en admettant que « rapidement, le quotidien nous rattrape ».
Conseils pour les aspirants au voyage humanitaire
Pour ceux qui souhaiteraient suivre ses pas, Carole recommande de « savoir précisément quel type d’aide on souhaite apporter », rappelant que les missions sont très variées.

« Prenez le temps de faire des recherches approfondies, contactez d’anciens bénévoles », conseille-t-elle. « Ayez de petits réflexes de vérification et assurez-vous de la sécurité selon le pays visité. »
Sa démarche nous rappelle que le voyage humanitaire, lorsqu’il est entrepris avec conscience et créativité, devient un moyen de sensibilisation. Carole a été touchée, changée, mais elle a su transmettre ça à celles et ceux qui découvrent son récit à son retour.