5 conseils pour planifier un voyage plus écoresponsable

Bien que la majorité des voyages génèrent des émissions de CO₂, souvent importantes, il y a des actions concrètes que nous pouvons adopter et qui peuvent aider à diminuer l’impact de nos voyages sur l’environnement. C’est ce que j’ai voulu essayer en visitant la Scandinavie pendant quarante jours durant mon séjour en Europe avec un Visa Vacances-Travail. Je vous présente ici cinq conseils à mettre en place avant et durant votre prochaine aventure pour tendre vers cette idée de voyage écoresponsable. 

1. Évitez les lieux bondés

Généralement, la première étape de la planification d’un voyage consiste à choisir une destination qui nous fait rêver et des dates auxquelles on a suffisamment de temps libre pour partir. Cependant, pour adopter une approche plus écologique, il faut entamer la réflexion avant même ce choix de destination.Évitez les lieux bondés

Le premier article de cette série dressait un portrait des principaux enjeux environnementaux du tourisme, dont le fait qu’il y a trop de monde sur certains lieux touristiques. Cela met en péril la faune et la flore, mais peut aussi causer une surexploitation des ressources. Par exemple, à Barcelone, dans les dernières années, il y a de graves problèmes de sécheresse et des pénuries d’eau.

Ainsi, il est préférable d’éviter les lieux avec des fortes affluences de touristes où notre présence ne fait qu’aggraver les problèmes. Cette prise de conscience est survenue pour ma part quand j’ai visité Barcelone durant ma dernière année de maîtrise en Europe. C’était au mois d’août, alors que la ville sévissait des fortes canicules en plus d’être inondée par les masses de touristes, dont je faisais partie. Les Barcelonais doivent co-habiter avec des milliers de visiteurs, alors qu’ils sont déjà en manque de ressources.  J’ai d’ailleurs remarqué, dans certains quartiers, le slogan : « tourists, go home! », c’est-à-dire : « touristes, rentrez chez vous! ».

En planifiant mon voyage en Scandinavie, j’ai opté pour la période hivernale et j’y ai découvert plusieurs avantages.  On peut profiter plus en profondeur de chaque lieu, savourer cette sensation de calme et d’apaisement dans la nature puisqu’il y a beaucoup moins de gens. De plus, si vous aimez visiter des musées ou des attractions touristiques, vous éviterez de perdre du temps dans les longues files d’attente. L’hiver se prête également très bien à un rythme de voyage équilibré : la nuit tombe rapidement, donc on peut faire des journées bien remplies, mais plus courtes, évitant ainsi de trop se fatiguer. Enfin, un des plus grands avantages à mon avis est que vous trouverez beaucoup plus de choix pour les transports ou les hébergements,  même sans réserver à l’avance. Cela vous permettra de voyager de façon plus spontanée et d’adapter l’itinéraire à vos envies sans trop de soucis. 

Profiter du calme total dans le cercle arctique à Absiko (Suède) grâce au train. Crédit photo : Maria Camila Gallego

En bref, osez sortir des sentiers battus, distancez-vous du tourisme de masse ! Et si vous êtes en mesure de prendre des vacances pendant les saisons basses, c’est encore mieux. 

2. Ralentissez! Pourquoi ne pas essayer le slow travel ?

Une fois que vous avez choisi une destination qui n’est pas la cible de milliers de touristes du monde entier, l’étape suivante est généralement de décider d’un itinéraire, ou au moins d’avoir une idée approximative des lieux à visiter. Ici, la clé est de minimiser les déplacements sur de longues distances. Bien sûr, une excellente façon est de privilégier les moyens de transport plus « sportifs », comme la randonnée, le vélo ou le voilier. Toutefois, cela n’est pas accessible pour tout le monde et requiert beaucoup de préparation. Vous pouvez donc décider de ralentir en visitant un seul pays plutôt que quatre et de le découvrir en profondeur, par exemple, et en vous déplaçant avec des transports collectifs comme le train, le covoiturage ou le bus.

Pour les destinations plus lointaines de votre domicile, essayez de planifier ces voyages pour des moments stratégiques où vous aurez plus temps : une pause d’études, un changement d’emploi, une année sabbatique, etc. Les jeunes de moins de 30 ans (ou 35 ans pour certains pays) peuvent bénéficier d’un visa vacances-travail, qui permet de visiter un autre pays tout en travaillant pour financer son voyage. 

Le Ridestore Magazine décrit le slow travel (aussi appelé slow tourisme en français) comme « un mouvement social et culturel qui consiste à voyager plus lentement ». Cette approche propose une perspective différente du voyage qui privilégie la qualité plutôt que la quantité. Il s’agit aussi d’un état d’esprit, de ne pas chercher à tout faire et tout voir par peur de manquer les vues les plus belles, les plus impressionnantes. Cela vous donnera aussi plus de flexibilité pour faire des activités qui sont plus respectueuses de l’environnement, même si elles ne sont pas les plus populaires. Ou alors de dédier du temps pour soutenir des initiatives durables, comme nous le verrons plus bas.

À la découverte de la Scandinavie : trajet de slow tavel en train

Voici un aperçu du trajet que j’ai effectué en Scandinavie en adoptant la mentalité slow travel et en utilisant un pass Eurail (ou Interrail pour les Européens), qui permet de voyager en train sur plusieurs jours ou semaines en Europe de façon plus économique. 

  • Une semaine au nord de la Suède, à Abisko, en embarquant dans deux trains de nuit pour m’y rendre. Ces trains sont assez confortables si on réserve une couchette. Ce trajet m’a permis de découvrir deux villes sur le chemin : Hambourg en Allemagne et Stockholm, la capitale de la Suède.
  • Deux semaines dans l’Ouest de la Norvège : j’ai encore une fois emprunté deux trajets de train pour m’y rendre, avec un arrêt d’un jour à la capitale Oslo. Le deuxième trajet, qui relie Oslo à Bergen en six heures, était un spectacle en soi : le train circule entre lacs et montagnes, de quoi en mettre plein la vue! J’ai ensuite profité d’une dizaine de jours pour me poser calmement dans un village en Norvège et m’immerger dans la vie locale. 
  • Deux semaines dans un éco-village au Danemark : j’ai eu l’occasion, sur le chemin, de visiter deux autres villes : Göteborg, en Suède, et Copenhague, la capitale du Danemark. 
  • Trajet vers la Belgique en passant par l’Allemagne et en découvrant la capitale Berlin.
Oslo, en Norvège. Crédit photo : Maria Camila Gallego

En tout, ce voyage m’a permis d’alterner des journées de déplacement en train avec de longues périodes en nature et au sein de communautés inspirantes. Au passage, j’ai également pu visiter quatre capitales européennes et tisser des liens d’amitié avec des personnes de différentes nationalités. 

3. Visez vert, mais gare au greenwashing!

Maintenant que vous avez choisi votre destination, la période à laquelle vous irez ainsi qu’un itinéraire approximatif des lieux à visiter, il est temps de planifier où vous allez loger et peut-être même sélectionner d’avance quelques activités à faire.

Dans une approche de voyage plus écoresponsable, l’essentiel est de privilégier des commerces (hôtels, opérateurs de voyage, etc.) qui font preuve concrète d’actions pour l’environnement.

Un article du New York Times rapporte qu’il y a approximativement 180 certifications différentes dans l’industrie du tourisme, et que certaines sont très bien encadrées et crédibles, mais que plusieurs autres font du greenwashing. Pour éviter de tomber dans le piège, allez par vous-même effectuer quelques recherches pour vous assurer qu’il s’agit d’une certification sérieuse et que l’entreprise en question montre qu’elle fait des actions qui vont dans ce sens, au-delà de « l’étiquette ».

Certaines certifications internationales comme « B-Corp » sont de très bonnes références, mais selon les pays que vous visitez, n’hésitez pas à faire des recherches plus approfondies.

4. Soutenez des initiatives locales

Une autre façon de rendre son voyage plus écoresponsable est de soutenir des projets qui agissent pour l’environnement. Cela peut prendre différentes formes, mais l’une des plus connues (et qui s’inscrit parfaitement dans une démarche de slow travel) est de faire du volontariat pour des projets qui ont un impact positif, notamment à travers des plateformes comme WWOOF ou Worldpackers. Celles-ci sont axées sur des initiatives soucieuses de l’environnement.

Dans une recherche ethnographique sur le WWOOFing en Nouvelle-Zélande, un étudiant en géographie a fait de l’observation participante durant quatre mois en participant lui-même à ce programme et en interviewant d’autres volontaires. Il décrit ainsi cette démarche : « Le Wwoofing est un type de tourisme qui s’inscrit dans les valeurs de l’écotourisme et qui, par son caractère participatif et non marchand, demeure l’antithèse du tourisme de masse. » (p.14). 

Non seulement vous serez en action, mais vous allez acquérir des connaissances que vous pourrez appliquer dans votre pays d’origine et même les partager à d’autres personnes. Pour en apprendre plus sur ce type de voyage, je vous invite à découvrir mon expérience dans un éco-village au Danemark.

Plusieurs plateformes permettent de trouver des initiatives durables qui accueillent des voyageurs internationaux pour quelques semaines, voire quelques mois. Crédit photo : Zoe Schaeffer sur Unsplash

5. Et en dernier lieu… compensez

Si vous devez prendre l’avion ou utiliser des moyens de transport dit « carbonés » durant votre voyage, malgré vos efforts pour minimiser ce type de déplacement, un bon geste écoresponsable est de compenser vos émissions. La compensation carbone est l’une des premières mesures auxquelles on pense en termes d’écologie, mais elle est à double tranchant car elle peut donner un sentiment de déculpabilisation, ce qui pourrait mener à moins d’actions en faveur de l’environnement pour les autres aspects du voyage. C’est pourquoi il s’agit du tout dernier conseil sur la liste.

Mais qu’est-ce que la compensation carbone ? Selon Climate Consulting, cela « consiste à financer un ou plusieurs projets environnementaux permettant le stockage, la réduction ou l’évitement d’émissions de gaz à effet de serre (GES) ». Plusieurs entreprises permettent de calculer les émissions de CO2 de vos déplacements et de les compenser de différentes façons, par exemple à travers la plantation d’arbres.

Exemples de compensateurs carbone

En somme, l’industrie du tourisme présente plusieurs enjeux sur le plan environnemental, mais il est possible de minimiser son empreinte carbone.  Pour cela, un peu de planification et de recherches sont nécessaires ! Avant même de choisir une destination, optez pour des lieux à faible affluence touristique et privilégiez des opérateurs ainsi que des hébergements locaux qui s’engagent pour l’environnement. Durant votre voyage, ralentissez, prenez le temps de vous immerger dans la culture et d’être en pleine conscience des impacts de votre passage. Une excellente façon d’expérimenter le slow travel est de soutenir directement un projet durable, par exemple une ferme bio ou un éco-village, comme nous le verrons dans le troisième article de cette série. Enfin, si vous utilisez des transports carbonés, la compensation carbone peut aider à contrebalancer les émissions; bien sûr après avoir mis plusieurs autres actions écoresponsables en place!

Cet article a été rédigé en collaboration avec The Starfish Canada, il est également disponible sur leur journal des jeunes.

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