La vanlife fait certainement rêver plusieurs âmes en quête d’aventure, mais ce n’était pas le cas en 2007, quand l’auteure indépendante Lise Whales et son compagnon ont décidé de se lancer dans cette aventure. Durant presque 10 ans, ils ont sillonné les routes à la découverte de la nature des Amériques. Ils ont commencé par un an en Europe, puis trois ans en Amérique du Sud et six ans en Amérique centrale et en Amérique du Nord. Ces périples ont inspiré Lise à écrire une série de romans pour raconter son point de vue de la vanlife. J’ai eu le privilège de m’entretenir avec cette grande voyageuse pour vous partager son expérience.
« Disfrute la naturaleza » : découvrir la nature tant qu’elle existe
Les périples en van de Lise et son compagnon sont nés d’une envie de découvrir la nature tant qu’elle existe. « La nature est préservée maintenant, mais ce sont seulement de petites bulles de conservation. Tout autour, c’est détruit ». Le compagnon de Lise est passionné d’ornithologie, et elle, de mammifères. C’était l’occasion idéale de partir en lenteur, de s’imprégner des paysages et d’observer un maximum d’animaux, en sachant que l’état des écosystèmes dépérit et que les humains détruisent de plus en plus leur environnement. Cela a incité le couple de voyageurs à créer le site web Disfrute la naturaleza, qui signifie « profitez de la nature », qui offre un aperçu des milieux naturels visités et des animaux observés.
Le voyage était guidé par les possibilités d’observation de la nature : le compagnon de Lise consultait le site eBird, qui répertorie les espèces d’oiseaux, pour cibler des endroits à visiter. Lise, de son côté, avait quelques endroits en tête pour l’observation de mammifères, comme les baleines à Tadoussac lors de leur passage au Québec. Mais globalement, ils roulaient au rythme de leurs envies, et c’est un des grands avantages qu’offre la vanlife : pas besoin de réserver d’hébergements ou de transports, le véhicule devient la maison.
Une aventure de slow travel, à côté du tourisme de masse
La motivation principale de Lise pour voyager est de profiter de l’instant présent : « C’est de reconnecter avec ce que je peux voir et entendre. J’en prends plein les yeux, les oreilles et le cerveau », s’exclame-t-elle.
Au début, ils n’avaient pas de plan défini. Ils avaient économisé pour partir un an, et finalement, ils ont pu allonger le périple sur trois ans. Pour le deuxième grand voyage en Amérique centrale et du Nord, ils avaient prévu trois ans et y sont restés six.
En profitant de cette liberté de temps et de mobilité, ils sont devenus des slow travelers, parcourant moins de 30 000 km par an. « Avec mon van, je faisais autant de kilomètres que quand je travaillais en France. Niveau électricité, on était autonomes. Niveau eau, on dépensait 200 L d’eau par semaine », explique-t-elle. Cette perspective est intéressante, quand on constate qu’un Français consomme en moyenne 1043 L d’eau par semaine (149 L/jour) selon le service public d’information sur l’économie de l’eau. « C’est un rapport à l’environnement complètement différent », renchérit Lise. En bref, leur empreinte environnementale était moindre que s’ils étaient restés en France.
Le slow travel devient aussi un mode de vie dans lequel on peut trouver équilibre et sécurité : « Je suis une hypersécuritaire, j’aime bien être dans ma petite bulle. J’adore voyager, j’ai la pulsion d’y aller, mais j’aime bien ma petite sécurité. J’étais toujours stressée au départ, il m’a fallu un an ou plus pour me rendre compte que c’est un mode de voyage sécuritaire », explique-t-elle.
De la réalité à la fiction : romans inspirés de la vanlife
Inspiré par ses aventures en vanlife, Lise a écrit une série de romans, disponibles sur Amazon et via sa boutique en ligne. Elle transmet ses réflexions à travers la voix de ses personnages : une invitation à plonger dans l’esprit de l’aventure, autrement. Ses œuvres Jusqu’au bord de l’Arctique, une romance pour adultes, et Le souffle de l’amitié, un roman pour jeunes adultes, mettent en scène la vanlife sous divers angles et pour différents âges. Son souhait est de rendre ces récits accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap, avec des versions intégrant photos et vidéos. Un conseil pour commencer ? Le souffle de l’amitié, dont l’intrigue démarre en 2009, est idéal pour entrer dans cet univers.
Conseils pour tenter l’aventure autrement en vanlife
Si l’aventure en vanlife vous tente, l’un des meilleurs conseils de Lise est de commencer par un essai de 15 jours en louant un van. Ce mode de vie minimaliste, qui exige de quitter ses repères, peut ne pas convenir à tout le monde. La simplicité de la vanlife implique aussi une déconnexion fréquente : pendant leurs années de voyage, Lise et son compagnon n’utilisaient ni téléphone ni carte SIM et n’avaient accès au réseau que via des connexions Wi-Fi occasionnelles. C’est un mode de vie qui encourage à débrancher et à redécouvrir un quotidien sans notifications.
Lise Whales et son compagnon ont passé 3 ans en Amérique du sud et centrale, au bord de leur van. Crédit photo : Lise Whales.
En discutant avec Lise, j’ai perçu son désir de s’éloigner du tourisme de masse et de réduire son impact sur les industries qui exploitent la nature pour des intérêts commerciaux. Choisir la vanlife sur le long terme, qui peut sembler d’emblée un choix de transport polluant, a été pour elle bien plus qu’une simple question de déplacement. Son van a remplacé une maison pendant plusieurs années, un mode de vie consumériste, et les trajets quotidiens pour aller travailler. Ce mode de vie lui a offert une liberté unique, celle de voyager autrement, mais surtout de vivre autrement.
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