Australie – France sans avion : l’étrange aventure de Tim

Tim Auer est un jeune franco-suisse qui a fait des études d’ingénieur orientées vers les énergies renouvelables. En 2023, il a eu une opportunité professionnelle dans le Pacifique, et s’est donc rendu en Nouvelle-Zélande, puis en Nouvelle-Calédonie. Quand l’heure du retour a sonné, il a voulu tenter une aventure autrement, en cohérence avec ses valeurs :  rejoindre la France sans avion. Cependant, l’absence de voiliers en Nouvelle-Calédonie l’a plutôt incité à se diriger vers l’Australie en avion, d’où son voyage bas-carbone a commencé.  Il a baptisé ce voyage « L’étrange aventure de Tim », qu’il a documenté en images sur sa chaîne Youtube

Le départ d’une aventure bas-carbone en Australie

Tim s’est donc rendu dans le sud de l’Australie, et a trouvé un voilier grâce au site HelpX. « La partie la plus difficile est de trouver un bateau ; c’est vraiment une question de chance », a-t-il déclaré. Après discussion avec le capitaine, il a fait du bus et de l’auto-stop pour rattraper le voilier qui se trouvait vers Cairns, au nord du pays. 

Ils ont navigué pendant deux mois de Brisbane à Darwin, en longeant la Papouasie. « Le défi était de vivre deux mois sur un bateau, où on était trois personnes 24 heures sur 24. J’avais aussi la responsabilité de naviguer la nuit, je devais apprendre à naviguer ». Il s’était préparé à ce voyage en participant à des régates, notamment. 

Un autre défi était de trouver un moyen efficace de communiquer et d’échanger avec les membres de la communauté locale. Au Timor indonésien, personne ne parle anglais, ils ont jamais vu de personnes à la peaux blanche :  « ça peut être oppressant, on m’entourait, on me touchait. Ce n’est jamais méchant, mais ça peut être impressionnant ». 

Bateau-stop de l’Australie à l’Indonésie 

Toutefois, en raison d’un retard accumulé par le capitaine et d’autres problèmes avec le bateau, Tim a dû trouver une autre solution : il s’est ainsi lancé dans le bateau-stop.  « Je suis allé dans la Marina et il y avait le bateau d’un couple de retraités français, qui ne parlait pas très bien anglais. Ils m’ont dit de venir avec eux, je ne payais rien, mais en échange, je les aidais », raconte-t-il. 

Tim au sommet d’un catamaran en Australie. Crédit photo : Tim Auer
Traversée entre Darwin et Timor. Crédit photo : Tim Auer

La traversée de Darwin, en Australie, jusqu’à Kupang, dans la région du Timor en Indonésie, a duré 4 jours. Il a ensuite pris des ferrys publics pour se rendre à Florès, une île située plus au nord. Le navire était bondé ; il a dormi sur le toit, près du moteur. D’autres personnes ont même fait leur nid sur les toits des voitures garées sous le ferry. « J’étais le seul Blanc à bord, alors, forcément, ça attire l’attention des gens autour. »

Il a fait la connaissance d’un garçon de 17 ans, qui l’a aidé à se rendre à l’Ouest de Florès, là où il souhaitait aller. Ce dernier lui a également fait découvrir son village de pêcheurs. « D’après ce qu’a raconté son père, je serais le premier Français à avoir mis les pieds dans leur localité », indique Tim. 

Après cela, il est resté un mois à Florès en raison de divers événements imprévus : son téléphone et sa caméra se sont cassés, et il a perdu sa carte bancaire. « J’ai passé un mois sans téléphone, ce n’était pas plus mal », dit-il en gardant le sourire. Une fois tout remis en ordre, Tim a fait du stop et pris le bus pour se rendre à Jakarta, la capitale de l’Indonésie. 

« L’auto-stop te fait rencontrer des personnes que tu n’aurais jamais rencontrées dans ta vie. Des personnes riches dans le sens philosophique. Par exemple, en Malaisie, quelqu’un m’a pris en stop et m’a amené dans son village pour rencontrer sa famille, son neveu qui tient un club de boxe. lI a commencé la boxe depuis son enfance pour se défendre dans un milieu où il se faisait discriminer en raison de son Handicap, et à travers la boxe il a trouvé sa rédemption. »

Crédit photo : Tim Auer
Crédit photo : Tim Auer

 Par la suite, il a embarqué dans un ferry de 3 jours pour rejoindre Batam, à côté de Singapour. La suite de son aventure l’a conduit en Malaisie, en Thaïlande, au Laos, en Chine et en Mongolie.

Ferry entre Jakarta et Batam.
Crédit photo : Tim Auer
Stop en Malaise.
Crédit photo : Tim Auer

Rencontre avec les peuples nomades et traversée du transsibérien 

Après la Mongolie, Tim a fait un détour de 2 500 kilomètres pour atteindre la frontière du Kazakhstan et rencontrer les peuples nomades.

Crédit photo : Tim Auer
Crédit photo : Nina Treguer

 Ensuite, il s’est dirigé vers la Russie pour prendre le mythique transsibérien, en passant par Moscou et Saint-Pétersbourg. Au moment de traverser ce pays, il a été interrogé par le contre-espionnage, mais une fois passé, le reste était tranquille : « Dans le transsibérien, les Russes étaient très sympas, ils ont fait à manger, et ils me disaient qu’ils étaient désolés pour ce qui se passait. On voit bien un contraste entre le gouvernement et certaines personnes du peuple ».

Transsibérien. Crédit photo : Tim Auer.

Son périple se termine avec un bus de nuit pour Estonie, puis un autre bus pour Berlin, Bruxelles, Paris et finalement Perpignan, en France, d’où il est originaire. 

« Chaque pays avait quelque chose à m’apporter, Laos par son côté calme, la Chine pour son originalité, la Mongolie pour son ouverture à l’international, la Russie par l’accueil vis-à-vis le contexte actuel », lance-t-il. 

Les meilleurs conseils de Tim pour un voyage sans avion

Après six mois d’aventure pour son voyage transcontinental, Tim partage ses meilleurs conseils pour celles et ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure du voyage bas-carbone. 

  1. Préparer son itinéraire avec flexibilité

« Prendre plus le temps, ralentir c’est bien, tu vas prendre le temps de savourer » , insiste Tim. Il recommande vivement d’éviter de s’engager sur des délais trop stricts : « J’ai compris qu’avec ce genre de voyages, c’est très très variable ».  Cette philosophie du slow travel laisse l’ouverture aux rencontres, à l’adaptation en cas d’imprévus et aux envies du moment. 

Pour les aspects pratiques, Tim conseille d’arriver un jour en avance pour réserver ses billets de train, ou d’utiliser des applications comme 12Go en Asie ou Easy Book qui facilitent grandement la planification des déplacements. Autre point crucial : être vigilant avec les visas, car certains peuvent prendre du temps à obtenir, et faire attention aux périodes de fêtes nationales qui peuvent rendre les billets rares et plus coûteux.

  1. Être réaliste avec son budget

Tim a été surpris par les coûts de son voyage, et recommande donc d’avoir un outil de suivi pour le budget. En Thaïlande et en Russie, ses dépenses ont atteint 1300 euros par mois, bien au-delà des 500 ou 600 euros initialement prévus. 

Pour l’hébergement en Asie, Tim recommande l’application Agoda, tout en soulignant que les auberges de jeunesse restent souvent le meilleur compromis. Souvent, des locaux lui ouvraient aussi les portes de leur maison. 

  1. Réussir le bateau-stop : patience et préparation

Tim ne cache pas que le bateau-stop comporte une part de chance, et beaucoup de patience. Voici quelques astuces pour optimiser ses chances de trouver un bateau : 

  • Être présent sur tous les groupes Facebook dédiés : Hitchhiking, Sailing Boat, Hitchhiking Indonésie-Australie, Sailing in Australia…
  • Aller directement dans les marinas et faire le tour des bateaux, reconnaissables à leurs équipements, comme les panneaux solaires, les antennes Starlink et les annexes
  • Mettre des annonces dans les ports et les points de passage stratégiques

Il identifie également quelques points de départ favorables : Marina Bay à Lombok, certains ports en Thaïlande et en Malaisie, ainsi qu’au Timor, bien que ce dernier soit  « un endroit austère sans touristes » où la chance joue un rôle encore plus important.

L’expérience de Tim dans les eaux parfois houleuses l’a rendu particulièrement attentif aux questions de sécurité. Son conseil le plus important avant de monter sur un bateau est de poser des questions de sécurité au ou à la capitaine et d’observer sa réaction. Comment gère-t-il les tempêtes ? Quelles sont ses procédures en cas de problème ? « Quitte à louper un bateau, ce n’est pas grave », renchérit-il. En cas de tempête, il faut surtout rester calme et se dire que ça va passer. 

Tim observe que le voyage bas-carbone est devenu relativement à la mode, ce qui accroît la concurrence pour trouver des places sur les bateaux. Dans ce contexte, « si quelqu’un a de l’expérience, il va gagner sur ses rivaux et rivales. » Il conseille donc de se rendre à des endroits près de chez soi où il est possible d’acquérir quelques compétences de navigation avant de se lancer dans l’aventure.

  1. Approcher le voyage avec humilité 

L’ouverture envers ce que les autres cultures ont à nous offrir est un des piliers pour Tim dans ce type de voyages.  « Ne pas partir avec le fait qu’en tant qu’Occidentaux on connait mieux ou qu’on est plus avancés. On a autant de choses à apprendre d’eux que réciproquement. ». En adoptant cette ouverture d’esprit, on pourra mieux prendre du recul sur les différentes réalités et créer des liens avec les populations locales. 

  1. Garder le sourire 

« Un sourire, ça transmet plus de choses que des mots », lance Tim pour conclure. En voyage, on ne peut pas parler avec tout le monde, puisque plusieurs personnes parlent d’autres langues. Mais le sourire permet de faire quand même ce contact. Il invite donc les futurs voyageurs et voyageuses à toujours avancer avec le sourire, de la bienveillance et une grande ouverture d’esprit. 

Tim a une chaîne Youtube où il a documenté son périple, allez voir ses vidéos! Si tu t’intéresses au sujet des voyages en voilier, je te recommande aussi de consulter l’article De navigatrice à travel planner : le voyage responsable avec Yuna, qui parle de son expérience et donne également de précieux conseils.

Tu as envie de sortir des sentiers battus et d’adopter un mode de voyage plus éthique, responsable et immersif? Ce guide est pour toi !

✔️ Des pistes pour repenser son rapport au voyage

✔️ Des astuces concrètes pour éviter le tourisme de masse

✔️ Des conseils pour voyager en respectant l’environnement et les cultures locales

✔️ Des récits inspirants de slow travel et le voyage sans avion

Retour en haut